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Acheter responsable : quelle création de valeur ?

2 avril 2020

La démarche d’achats responsables ne doit pas se limiter à la seule gestion des risques RSE (cf loi Sapin 2, devoir de vigilance, RGPD, Loi Savary…etc.). Certes – à l’instar d’un acheteur qui limite une hausse tarifaire annoncée par le fournisseur – l’acheteur responsable créé de la valeur en évitant les coûts liés à un risque RSE. Mais comment peut-il concrètement créer de la valeur ? 

 

L’un de mes clients du secteur banque / assurance qui a entrepris une démarche de développement de ses achats auprès du Secteur du Travail Protégé & Adapté (STPA) avait identifié un besoin du segment achat PI / IT relatif au langage de programmation COBOL annoncé comme « obsolète ».

Ce client confiait « Le besoin en ancienne technologie est encore très important chez nous alors que les expertises se raréfient sur le marché car les experts partent à la retraite. Le STPA pourrait être un bon moyen de pallier ce déficit par des formations de personnel ad’hoc ».

 

COBOL ou un exemple d’obsolescence non programmée

 

Nombreux sont les experts qui affirment que le langage COBOL (COmon Business Oriented Business) est certes historique (1959) mais pas du tout obsolète.

Ce langage COBOL est encore très utilisé notamment dans le secteur bancaire et celui des assurances, mais aussi dans une grande majorité de systèmes de gestion administrative dont le ministère de l’économie. « Il y aurait même plus de lignes de code écrites en COBOL que de lignes de code écrites dans n’importe quel autre langage ! » selon un spécialiste du recrutement d’informaticiens.

Cependant les entreprises utilisatrices voient leurs compétences internes partir en retraite et les grosses ESN ne veulent plus investir dans ce type de technologie. Certains spécialistes affirment que la « facturation journalière est peu élevée » ou que cette technologie n’est « pas suffisamment valorisante » ou encore « le véritable sujet prioritaire est de revaloriser l’enseignement et l’entraînement à la conception et l’écriture de l’algorithmique structurée… ».

C’est précisément là que le STPA peut répondre à ce type d’attentes des entreprises utilisatrices. Certains acteurs ont compris et saisi l’opportunité, ils cherchent à convaincre les DSI de réinvestir sur leur Mainframe en maintenant ces compétences. Puisque ces dernières sont devenues rares, il convient d’assurer des programmes de formation ad’hoc pour maintenir ces savoir-faire. C’est le cas de l‘ESN et Entreprise Adaptée (EA) ARCESI qui dispose d’un centre de formation pour le numérique. ARCESI recrute spécifiquement et forme ainsi ses collaborateurs pour les besoins des entreprises.


Acheter responsable pour créer plus de valeur

 

En sa qualité d’acteur économique, il revient à l’acheteur responsable de maintenir ces compétences rares avec ses prestataires de rang 1. Que ce soit en sous-traitance directe ou en co-traitance avec un des acteurs du STPA.

Car acheter responsable consiste notamment à agir sur la courbe de vie du produit. Maintenir les compétences sur la technologie COBOL est un très bon exemple d’achat responsable puisque COBOL reste compatible : « Il confère plusieurs atouts comme celui de l’interopérabilité (compatibilité avec d’autres systèmes aux architectures modernes tels que les webservices, Big Data, Cloud Computing, IA…etc.) ce qui lui confère une toute autre image que celle du langage obsolète… Cobol est aussi sans virus puisqu’il fonctionne sur des mainframes peu exposés au web ».

Rappelons que les Entreprises Adaptées n’affichent pas toujours leur savoir-faire. Leur offre de service s’adapte bien souvent aux besoins de leurs clients ; elle n’est pas toujours packagée. C’est donc à l’acheteur responsable d’identifier le potentiel de son panel fournisseurs, de développer le collaboratif et les synergies de son écosystème et notamment entre prestataires de rang 1 et entreprises adaptées.

 

Par Yann Le Coz

Article paru dans La Lettre des Achats Septembre 2019

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