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Les achats auprès du STPA : paradoxe des achats responsables

10 avril 2020

paradoxe des achats responsables

La RSE a trouvé sa place dans les stratégies achats des entreprises, mais le volet STPA fait encore trop souvent figure de « parent pauvre » de ces stratégies achats.

 

Les achats auprès du secteur du travail protégé et adapté (STPA) ne figuraient pas en premier chef dans le sommaire de cette 12ème édition. J’étais donc prévenu ! Mais c’est avec curiosité que je me suis rendu au Forum des achats responsables avec cette interrogation : comment le sujet STPA sera-t-il abordé ? Déçu dans un premier temps, j’ai été plutôt rassuré au fur et à mesure du déroulé de l’événement et des interventions des invités.

L’ObsAR mentionne parmi les « composantes importantes de la RSE » : l’environnement, la vigilance fournisseurs, le coût de fin de vie des produits, l’économie circulaire, la gestion et valorisation des déchets, la lutte anti-corruption, le devoir de vigilance, la démarche TPE/PME locales, les délais de paiement, les risques fournisseurs, le rôle sociétal des organisations (Loi PACTE)… mais le développement des achats auprès du STPA n’est pas explicitement mentionné.

 

Paradoxe des achats responsables

 

Pourtant cette dernière version du baromètre ObsAR indique que l’emploi local est en première position des préoccupations sociétales des organisations à travers leur fonction achats et l’insertion des personnes éloignées de l’emploi est en deuxième position. Or acheter auprès du STPA permet d’optimiser le montant de la contribution AGEFIPH (ou FIPHFP) ; de développer le chiffre d’affaires en candidatant à un plus grand nombre d’appels d’offres avec clauses sociales pour l’insertion avec une offre commerciale différenciante ; d’améliorer la note extra-financière en permettant aux directions achats de contribuer fortement à cette performance ; de renforcer son rôle d’acteur économique local puisque les ESAT, EA et TIH sont des structures TPE et PME implantées sur le territoire.

Alors puisque, à en croire les intervenants de ce Forum, la démarche achats responsables est une réalité au sein des entreprises, pour quelles raisons celle du développement des achats auprès du STPA n’est-elle pas encore un réflexe pour les directions achats ? Pourquoi un tel paradoxe ?

 

Vers une démarche achats responsables globale

 

Développer leurs achats auprès du STPA est pourtant une opportunité pour les directions achats de rendre encore plus concrètes et visibles leurs actions achats responsables.

Invitée du Forum, l’entreprise adaptée ATF Gaia atteste l’intérêt d’une telle collaboration avec le STPA. La valeur ajoutée de cette entreprise permet de répondre aux obligations environnementales d’un donneur d’ordres avec le traitement et la valorisation des déchets (DEEE). Elle intervient également dans le cycle de vie du produit en reconditionnant les équipements. La prestation d’effacement des données qu’elle propose s’effectue en adéquation avec les exigences de confidentialité des donneurs d’ordres. Ainsi les directions achats apportent avec le STPA des solutions concrètes à leur client interne DSI.

Naouel Makaoui enseignant-chercheur chez International Business School évoque la notion de création de valeur lorsque la collaboration évolue d’un mode transactionnel vers un mode relationnel, vers le développement d’une relation de confiance. Elle mentionne trois leviers de collaboration fournisseur : éco-concevoir, repenser la chaîne de valeur des achats selon le concept de client privilégié (ses travaux portent sur comment un client peut accroître la motivation de son fournisseur à s’engager durablement avec lui dans une relation d’échange) et intégrer le territoire.

Acheter les prestations auprès des ESAT, EA et TIH c’est précisément agir sur ces trois leviers avec la cotraitance, le développement de la collaboration fournisseur et celui des transactions commerciales sur le territoire.

C’est en intégrant prioritairement le STPA dans leur démarche achats responsables que les directions des achats réussiront à rendre globale et commune la démarche achats responsables tout en éliminant ainsi ce paradoxe.

 

 

Par Yann Le Coz

Article paru dans La Lettre des Achats Avril 2019

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