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Stratégie Make or Buy : comment l’appliquer dans une démarche RSE ?

9 avril 2020

La RSE devient un élément différenciant du business model des entreprises. Je constate une stratégie différente selon la vision des entreprises pour répondre à leur obligation d’emploi fixée par la loi handicap et aux exigences des donneurs d’ordre en matière de handicap, à moins que ce soit aussi l’obligation de déclaration de performance extra-financière qui impulse une telle décision stratégique.

La question stratégique « Make or Buy » se pose habituellement ainsi : est-ce que nous conservons cette activité au sein de l’entreprise ou devons-nous l’externaliser ? Ce questionnement permet de prendre des décisions rationnelles sur le positionnement stratégique de l’entreprise. La démarche Make or Buy considère à la fois le caractère stratégique de l’activité, la création de valeur entre une solution interne et une solution externe et la capacité à manager les fournisseurs.

L’entreprise fait l’objet de nombreuses attentes toujours plus grandes de la part de la société civile. On attend de l’entreprise qu’elle contribue notamment à la lutte de l’épuisement des ressources naturelles, au bien-être collectif en combattant les inégalités avec plus de diversité et d’inclusion. En France, la loi handicap permet aux entreprises de répondre partiellement à leur obligation d’emploi de personnes en situation de handicap en achetant des prestations auprès du STPA. Alors dans une telle démarche, comment l’entreprise répond à ces exigences ? Make or Buy ?

 

Make

 

Récemment, plusieurs grandes entreprises font le choix d’intégrer une Entreprise Adaptée (EA) dans leur chaîne de valeur. Ainsi ces entreprises présentent un avantage concurrentiel lors des appels d’offre avec clause sociale tout en répondant à leur propre obligation d’emploi de personnes en situation de handicap.

C’est le cas de FEA (FACEO Entreprise Adaptée) filiale du groupe Vinci Facilities. FEA réalise des prestations de services dans le domaine du facility management.

Au sein du Groupe LVMH, MHEA (Moët Hennessy Entreprise adaptée) réalise des prestations de mise en coffrets et pause d’étiquettes spécifiques. MHEA réalise aussi des prestations viticoles comme le repérage de parcelles de vignes, le suivi et la surveillance de la maladie, de la maturation.

L’Entreprise Adaptée TRIADE AVENIR filiale du Groupe VEOLIA, est spécialisée dans le traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Cette EA assure aussi le test, l’audit, l’effacement de données des équipements informatiques.

 

Buy

 

Les entreprises qui considèrent ne pas devoir investir en intégrant une EA (ou ESAT) mettent en place une politique achat volontariste dans leur chaîne de valeur achat et développe leurs achats responsables.

C’est le cas de AIRBUS qui achète pour 44 M€ de prestation auprès du STPA alors que ce montant était de 8 M€ en 2011. C’est en activant le levier de la cotraitance qu’AIRBUS a pu convaincre ses partenaires de rang 1 de coopérer avec les ESAT et EA. Ainsi l’avionneur totalise un taux de contrats en cotraitance avec le STPA supérieur à 50%.

Un autre modèle a été révélé par AMADEUS. Cet éditeur de solution logicielle (déplacements professionnels) a décidé d’incuber la startup AVENCOD. Cette EA emploie des personnes autistes – atteints du syndrome d’Asperger – spécialistes du développement informatique, des tests sur des applications et des logiciels.

La décision Make or Buy considère à la fois la création de valeur et la différenciation. Si les deux critères sont réunis et considérés comme élevés, il y a alors un réel avantage concurrentiel et l’entreprise décide d’investir en intégrant une EA. Si la création de valeur est élevée et la différenciation moins forte, l’entreprise s’engage alors à nouer des partenariats ou des alliances avec le STPA pour renforcer cette démarche sans pour autant investir.

 

Par Yann Le Coz

Article publié dans La Lettre des Achats – Mai 2019

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